Avec ‘Hestia‘, Pacôme Genty signe une œuvre profondément personnelle, nourrie de ses nombreuses années d’explorations musicales. Cet album, délicatement ciselé dans l’intimité de sa maison du Gâtinais, se déploie tel un voyage introspectif, teinté de lumière et de chaleur, à l’image de la déesse grecque du foyer qui lui donne son titre.
Si Pacôme Genty est loin d’être un nouveau venu sur la scène musicale – il a fait ses armes avec Rrose Tacet et Erevan Tusk –, c’est en solo qu’il semble véritablement toucher du doigt une forme d’accomplissement artistique. Après une carrière déjà riche, marquée par des collaborations avec des artistes de renom comme Arman Méliès et Don Niño, Genty embrasse ici une approche plus dépouillée, mais tout aussi sophistiquée, où chaque note est un écho à ses influences variées.
Avec ce nouvel album, le multi-instrumentiste continue de creuser le sillon de cette pop artisanale et minutieuse, où la simplicité apparente cache une profondeur émotionnelle rare. ‘Hestia‘ est une ode à l’introspection et à l’art du détail. La légèreté enivrante des huit pistes retenues invite à une écoute attentive, presque méditative, où chaque instrument – flûtes, clarinettes, guitares acoustiques ou électriques – s’intègre avec délicatesse, créant une ambiance onirique et apaisante.
Si l’album semble intime, c’est bien parce qu’il est le reflet d’une période de vie marquée par des questionnements sur l’indépendance et le besoin de se recentrer. La narration se déploie à travers le prisme d’Hestia, une figure féminine forte, qui devient ici la métaphore des aspirations personnelles de Genty. L’album devient ainsi une exploration de la solitude choisie, du retour à l’essentiel, avec pour toile de fond un subtil équilibre entre acoustique et électronique.
La réalisation de l’album a bénéficié de la présence discrète mais précieuse de Nicolas Laureau (Don Niño), qui a contribué au mixage et à l’enregistrement. Leur complicité, déjà éprouvée sur scène, transparait dans la cohésion sonore de l’album. Genty s’entoure également d’une constellation de musiciens talentueux, dont Alexandre Viudès à la batterie, ou encore Adrien Soleiman au piano, qui apportent chacun leur touche à cet univers feutré et délicat.
L’écoute de ‘Hestia’ est une immersion dans des ambiances folk-psyché, où la mélancolie se fait douce, jamais pesante. Des titres comme ‘Griselda’ ou ‘Minha Querida’ rappellent par moments l’épure de Caetano Veloso ou d’Arthur Russell, tout en évoquant un passé musical ancré dans l’ambient lo-fi des années 80. Les influences, bien présentes, ne s’imposent jamais : elles murmurent, effleurent sans jamais détourner l’attention de l’authenticité du propos.
Les mélodies sont souvent traversées d’une fine brume électronique, comme sur ‘Dehors‘, ou caressées de souffle jazz, notamment grâce à l’usage discret mais poignant de la flûte et de la clarinette. Les expérimentations sonores ne sont jamais gratuites : elles participent à l’élaboration d’une atmosphère où la réserve et l’émotion cohabitent harmonieusement. Le chant de Pacôme, porté par son vibrato si singulier, enrobe les compositions d’une douceur mélancolique qui touche au cœur sans jamais sombrer dans le pathos.
Loin des productions surchargées, Pacôme Genty fait le pari du minimalisme pour mieux souligner l’intemporalité de ses chansons. ‘Hestia’ apparaît ainsi comme une œuvre qui refuse l’urgence et l’ostentation, préférant tracer une voie modeste mais lumineuse, à l’image du dernier morceau ‘Modestie’, instrumental aérien qui s’élève comme une ultime percée lumineuse vers un horizon apaisé.
Avec cet album, Pacôme semble avoir trouvé un équilibre entre son besoin de création et sa quête de simplicité, une voie où chaque détail est pesé, chaque note est précieuse. Hestia n’est pas seulement un album de plus : c’est une invitation à se laisser envelopper par une musique-refuge, chaleureuse et réconfortante, un retour à l’essentiel, à la maison.
Finalement, cet opus, marqué par des ambiances boisées et une douce lumière automnale, incarne parfaitement ce que l’artiste semble avoir cherché tout au long de son parcours musical : un endroit où se poser, loin des tumultes extérieurs, où l’émotion brute et la pudeur trouvent enfin un écrin à leur mesure. Hestia, déesse tutélaire du foyer, semble bien avoir veillé sur Pacôme Genty lors de cette création.
En programmation dans Solénoïde – Grande Boucle 54, émission des musiques imaginogènes diffusée sur 30 radios/50 antennes FM-DAB !
Pacôme Genty, artiste polyvalent de la scène indépendante, possède un parcours impressionnant. Il a émergé il y a près de vingt ans avec le duo Rrose Tacet, qui mélangeait habilement psyché-folk et dream pop, inspiré par le folk créatif d’Akron Family et les explorations sonores d’Animal Collective. Son attrait pour des compositions complexes et psychédéliques se fait déjà sentir.
En tant que membre d’Erevan Tusk, l’un des groupes pop les plus acclamés des années 2010, il révèle pleinement son talent de compositeur, alliant son approche DIY à des morceaux pop rock vibrants, rappelant les influences de Band of Horses et d’Arcade Fire.