Avec Arborra, l’artiste berlinois nous invite à plonger dans un univers musical où chaque note semble émaner du sol même d’une forêt imaginaire. Cet album, ou plutôt ce premier EP, est une œuvre organique et vivante, façonnée par des années d’exploration sonore et d’expérimentations, aboutissant à une musique à la fois intime et vaste, qui embrasse l’héritage du jazz tout en s’aventurant vers des territoires inexplorés.
Le projet Arborra est une symbiose entre les instruments acoustiques traditionnels, comme le saxophone et le piano, et les résonances électroniques. Ce mariage crée une membrane sonore délicate, tissée entre l’intérieur et l’extérieur, où l’auditeur se retrouve pris dans un flux sonore qui respire, vibre et évolue. À travers chaque morceau, Arborra construit une expérience immersive qui semble à la fois profondément enracinée dans la terre et tournée vers les étoiles.
L’ouverture éponyme, ‘Arborra‘, est une véritable invitation à l’évasion. Ce morceau déploie une vision utopique à travers des lignes de synthé hypnotiques, des souffles longs et des distorsions subtiles. On se retrouve alors plongé dans un espace de contemplation, où chaque son respire, où chaque pause devient une invitation à réfléchir sur le temps qui passe. L’artiste façonne ici un paysage sonore qui évoque un lieu de paix et de repos où l’auditeur peut se reconnecter à l’essentiel.
Avec ‘Serenity‘, le ton change, mais l’intensité reste palpable. Ce morceau navigue entre légèreté et profondeur, avec des pulsations romantiques et spontanées, oscillant entre jeu et mystère. Arborra parvient ici à capturer la sensation d’un obstacle dépassé, d’un moment de transcendance qui est à la fois intime et universel. La texture sonore, enrichie par des bruits curieux et des harmonies subtiles, donne au morceau une dynamique ludique et inattendue.
‘Expanse‘ ouvre ensuite la porte à des questionnements plus profonds. Arborra y explore la pleine étendue des possibilités acoustiques du saxophone, un instrument qui, entre ses mains, devient un guide dans une quête sonore teintée d’incertitude. Les sonorités se répondent, se confrontent et se fondent dans une danse hésitante entre matière et esprit. On sent ici toute l’ampleur du dialogue que l’artiste entretient avec ses instruments et ses influences.
Puis vient ‘Bardo‘, un morceau qui plonge l’auditeur dans des abysses sonores plus sombres et plus inquiétantes. L’espace ici est liminal, entre-deux, où chaque note semble faire écho à la fragilité de l’existence. Le claquement des touches du saxophone résonne avec une netteté dérangeante, reflétant un état d’incertitude. Arborra dépeint ici un chemin sinueux, où l’on avance avec prudence, cherchant un équilibre instable entre lumière et obscurité.
Le voyage se termine avec ‘Stargazer‘, une composition aérienne et onirique qui emmène l’auditeur au-delà des limites du tangible, vers un horizon cosmique. Ce morceau final, avec ses résonances apaisantes, préfigure déjà l’évolution future d’Arborra. On sent ici l’artiste en quête de ce qui est au-delà du visible, tout en nous offrant un moment de répit, une respiration ultime avant de nous laisser sur le seuil de la prochaine étape de son exploration musicale.
Ce qui frappe dans cet EP, c’est la capacité d’Arborra à allier expérimentation et émotion, technique et instinct. On sent dans chaque morceau le poids des années de recherche musicale, mais aussi la fraîcheur d’un nouveau départ. Coproduit par David August, cet EP reflète une véritable quête d’essence sonore, où l’organique rencontre l’électronique, où la nature inspire chaque souffle, chaque vibration.
Arborra est une œuvre qui respire la vie, la nature et la lumière. Un projet qui s’inscrit dans une démarche créative nourrie par la patience, la curiosité et un profond respect pour les cycles naturels. En écoutant cet EP, on est transporté dans un monde où le temps s’étire et où chaque note invite à la contemplation. Une œuvre profondément ancrée dans le présent, mais tournée vers l’avenir.
Dans ce premier EP, Arborra nous donne un avant-goût de ce que pourrait être son futur musical, un futur où l’exploration sonore continue de s’épanouir et où les frontières entre les disciplines s’effacent pour laisser place à une expression pure et inclassable.
Prochainement en programmation dans Solénoïde, émission des musiques imaginogènes diffusée sur 30 radios/50 antennes FM-DAB !