Avec Temple of Hope, son troisième album studio, Saba Alizadeh redéfinit les frontières de la musique contemporaine iranienne. Virtuose du kamancheh et maître de la composition électroacoustique, Alizadeh livre une œuvre à la fois poignante et révolutionnaire. Cet album n’est pas seulement une exploration sonore ; c’est une réflexion profonde sur la résistance, la douleur et la solidarité, inspirée par les bouleversements sociaux récents en Iran, notamment le mouvement Woman Life Freedom.
Dans Temple of Hope, Saba Alizadeh conjugue habilement le kamancheh, instrument emblématique de la musique persane, à des synthétiseurs modulaires et des techniques électroacoustiques. Ces sonorités modernes côtoient des éléments historiques, tels que des enregistrements radiophoniques ou des fragments sonores ancrés dans la mémoire collective iranienne. Ce mélange donne naissance à un univers sonore unique, oscillant entre le chaos de la révolte et la poésie de l’espoir.
La pièce Drop By Drop An Ocean Of Forms, par exemple, évoque le deuil des mères ayant perdu leurs enfants dans les manifestations. Les cordes pincées du kamancheh, amplifiées par des effets sonores, deviennent des gouttes de larmes tombant sur un sol chargé de douleur. À l’opposé, Extra Planetary Lovers, créé en collaboration avec Andreas Spechtl, imagine une utopie où la fraternité et l’amour transcendent les frontières humaines.
L’engagement d’Alizadeh se manifeste également dans l’usage de documents sonores historiques. Dans Plain of the Free, il intègre les cris de manifestants du soulèvement des assoiffés en 2021, tandis que You Tell Me… s’appuie sur le dernier appel téléphonique du lutteur Navid Afkari, exécuté en 2020. Ces pièces ne sont pas seulement des hommages, mais des témoignages vivants qui transcendent les limites de l’art pour devenir des actes de mémoire.
La pièce Women Of Fire est peut-être la plus bouleversante. Elle raconte la répression brutale des manifestations à travers une narration musicale qui mêle la voix déchirante de Sanam Maroufkhani à des sonorités chaotiques. Ce morceau incarne à la fois la vulnérabilité et la force des femmes iraniennes, devenues les symboles d’une lutte pour la liberté.
Fils du célèbre musicien Hossein Alizadeh, Saba porte en lui un double héritage : celui de la tradition persane et de l’innovation artistique. Formé à la fois à la musique classique iranienne et à la musique expérimentale, il sculpte des paysages sonores où chaque note semble raconter une histoire.
L’espoir est la seule chose que nous ayons, déclare l’artiste. Cette conviction se reflète dans Temple of Hope, une œuvre qui transforme la douleur collective en une célébration de la résilience et de la solidarité.
Temple of Hope est un album. C’est un pont entre le passé et l’avenir, entre l’Iran et le reste du monde, entre la souffrance et l’espoir. Saba Alizadeh nous invite à écouter non seulement sa musique, mais les voix d’un peuple qui résiste, rêve et croit encore en des jours meilleurs.
Prochainement en programmation dans Solénoïde, émission des musiques imaginogènes diffusée sur 30 radios/50 antennes FM-DAB !
Saba Alizadeh est un virtuose visionnaire du kamancheh, à la croisée des mondes entre la tradition persane et l’avant-garde sonore. Né à Téhéran et basé aux Pays-Bas, il transcende les frontières musicales avec une approche unique mêlant acoustique et électroacoustique. Dans son troisième album, Temple Of Hope, il tisse des paysages sonores immersifs où résonnent l’histoire mouvementée de l’Iran et la quête universelle de résilience. Artiste révolutionnaire, Saba Alizadeh transforme la musique en une expérience émotionnelle et sensorielle, bâtissant un pont entre le passé et l’avenir grâce à un dialogue artistique puissant et captivant.
