Avec Seminky, son troisième album, Rémi Quéron, alias Akamatsu, nous invite à un véritable voyage auditif, une aventure musicale nourrie d’expériences, de rencontres et de paysages sonores capturés entre la France et la République tchèque
Ce projet hybride et émouvant témoigne de la capacité de l’artiste à transformer des éléments du quotidien, des bruits naturels, et des contributions humaines en une mosaïque audacieuse où se mêlent poésie, émotion et innovation.
Le terme Seminky, qui signifie ‘graines‘ en tchèque, résume parfaitement l’esprit de l’album. Chaque morceau est une graine plantée dans des contextes variés, germant au gré des collaborations et des influences, pour donner naissance à des compositions riches et surprenantes. Conçu sur une période de trois ans, l’album s’enrichit d’un processus créatif libéré de toute contrainte, captant l’essence des lieux visités et des personnes rencontrées. Parmi les contributeurs, on retrouve des instrumentistes aussi talentueux que Suzanne Fischer (violoncelle), Fabrice Bony (batterie), ou encore Petr Tichý (contrebasse), qui apportent chacun leur touche unique à cette œuvre collective.
L’une des forces de Seminky réside dans sa diversité musicale. Le premier single, Saint Loup, incarne une fusion étonnante de sonorités électroniques et acoustiques, avec une batterie enlevée et des accents rétro. D’autres morceaux, comme Cuisine-Chimie, s’inscrivent dans un univers post-rock, où l’on retrouve des réminiscences de Tortoise et Jaga Jazzist, avec une section rythmique précise et des textures symphoniques électroniques. L’album explore également des territoires néo-classiques avec des morceaux comme Novembre, une ballade intimiste mêlant piano et guitare, et Volyně, un titre magnifiquement orchestré avec des instruments à cordes.
Mais au-delà de l’aspect purement musical, Seminky brille aussi par sa dimension narrative. Trois chansons, Nantes, Longeville et Là, s’appuient sur les poèmes d’Annaïck Domergue, dont les textes apportent une profondeur supplémentaire à l’album. L’auditeur est invité à lire et à écouter ces récits poétiques, contribuant ainsi à une expérience immersive complète, presque cinématographique.
Rémi Quéron s’est fait un nom dans le monde de la musique grâce à sa capacité à repousser les frontières des genres. Après ses débuts en 2011 sur la compilation Erik Satie et les Nouveaux Jeunes avec le morceau ‘Gymnopédie 8 (4/4)‘, aux côtés de figures telles que Nils Frahm et Rachel Grimes, et deux premiers albums remarqués (‘Infi(ni)me‘ et ‘Winter‘), il se tourne avec Seminky vers une approche plus organique. La variété des instruments utilisés, des synthés au harmonium indien en passant par des objets du quotidien comme des ustensiles de cuisine, illustre cette volonté de créer une musique vivante et ancrée dans le réel.
Chaque son semble raconter une histoire. On entend par exemple les cigales des Calanques, les vagues de l’Atlantique, et même une voix lointaine dans un village de Bohème. Ces éléments contribuent à l’impression d’être en mouvement constant, une caractéristique centrale du processus créatif d’Akamatsu. Cette itinérance musicale se reflète également dans les choix de mixage, dont Rémi s’est entièrement chargé, et qu’il considère comme partie intégrante de la composition elle-même.
Le travail visuel de Seminky n’est pas en reste : l’album sera disponible en édition limitée, dans un coffret au format carré de 15 cm, illustré par Héloïse Robin. Chaque exemplaire comprend trois cartes photographiques prises par Rémi Quéron lui-même, ainsi que des poèmes d’Annaïck Domergue et des notes manuscrites de l’artiste, offrant ainsi un lien intime avec l’auditeur.
Finalement, Seminky est oeuvre totale où se rencontrent musique, poésie, et arts visuels. La fusion d’électronique, de jazz, de néo-classique et de pop psychédélique en fait une proposition singulière, à recommander aux amateurs d’artistes tels que Human Pyramids ou Haiku Salut. Akamatsu réussit ici le pari d’offrir une musique à la fois accessible et profondément personnelle, où chaque note, chaque bruit, chaque mot devient une partie d’un tout cohérent et envoûtant.
En un mot, Seminky est une invitation à s’évader, à se laisser porter par le flot des sons et des mots, à rêver. Une véritable réussite artistique que l’on savoure comme une histoire qu’on se raconterait au fil des écoutes.
En programmation dans Solénoïde – Grande Boucle 53, émission des musiques imaginogènes diffusée sur 30 radios/50 antennes FM-DAB !
Rémi Quéron, compositeur et producteur basé à Nantes, explore des univers musicaux mêlant avec finesse électronique et acoustique. Passionné de piano et de synthétiseurs, il façonne des compositions où se rencontrent des influences variées, allant du classique à l’electronica, en passant par la folk et la musique contemporaine. Sous le nom d’Akamatsu, il a publié deux albums chez Arbouse Recordings et collabore régulièrement avec des artistes renommés comme Fabrice Bony, Petr Tichý et Jono Heyes. Également créateur sonore pour JetFM, il compose pour le théâtre, la danse et le cinéma, et nous fait redécouvrir les sons du quotidien à travers ses émissions.