Dix titres emblématiques — nés entre les années 50 et 90 — sont passés à la moulinette d’artistes venus d’horizons aussi divers qu’inattendus. Ici, pas question de reproduire fidèlement l’original : au contraire, chaque version s’éloigne volontairement de son style de départ, pour mieux révéler une autre facette de ces standards.

Ainsi, Kraftwerk se retrouve propulsé dans un chaos théâtral par un groupe japonais d’avant-rock, tandis que les Who s’invitent sur les plaines américaines dans une transposition bluegrass survoltée. Brassens, lui, se transforme en avatar électro-8-bits grâce à une Game Boy, quand Guns N’ Roses s’habille de cordes élégantes sous l’archet du Vitamin String Quartet. Et les Doors, revisités par George Winston, prennent des airs contemplatifs au piano.

La deuxième partie ne fait pas baisser le rythme de l’inattendu : Brad Mehldau offre une relecture jazz de Radiohead, Frank Zappa s’amuse à détourner Led Zeppelin en reggae-jazz ironique, et une chorale belge transforme California Dreamin’ en rêve vaporeux. Plus étrange encore : un ensemble médiéval estonien adapte Black Sabbath en latin, avant que le duo Jens Thomas / Verneri Pohjola ne conclue l’aventure en jazz introspectif sur Highway to Hell.

Au final, cette Cover Box 13 se présente comme un véritable blind test transmusical, un jeu de piste où se croisent impertinence, audace et poésie. Une émission qui nous rappelle qu’aucun morceau n’est figé, que les classiques continuent à rayonner bien au-delà de leur époque… et que l’art de la reprise peut être un formidable terrain d’exploration sonore