DREAM BABY

MAISON NEUVE

Autoproduction - septembre 2024

Chronique

Avec ‘Maison Neuve‘, Dream Baby nous invite à une odyssée sonore atypique, où les conventions musicales sont soigneusement déconstruites pour laisser place à une poésie brute et sensorielle.

Pochette de l'album "Maison Neuve" par le trio français Dream Baby

Né d’une mutation en 2022 lorsque Dominique Queffélec (violon, alto, mandoline) rejoint Béatrice Temple (voix) et Charles Eric Charrier (basse, électroniques), le trio explore une esthétique musicale entre ciel et terre, mêlant l’organique à l’électronique dans un dialogue subtil et déroutant.

L’album offre une atmosphère intime, presque chamanique, où chaque note semble chargée d’émotions enfouies. Le chant profond de Béatrice Temple occupe une place centrale, tissant des textes d’une grande densité émotionnelle. On y entend une voix capable de traverser toutes les facettes de l’âme humaine, des plus lumineuses aux plus obscures. Elle n’incarne pas seulement des personnages, mais fait résonner des états d’être universels : amoureuse, révoltée ou vulnérable. Chaque morceau est un miroir tendu à l’auditeur, l’invitant à se confronter à ses propres failles.

Charles Eric Charrier, avec sa basse introspective, s’éloigne de toute démonstration technique pour se fondre dans la musique, offrant des lignes tantôt apaisantes, tantôt troublantes. Il façonne un paysage sonore à la fois minimaliste et dense, où l’improvisation côtoie une écriture précise, conférant à chaque morceau une fluidité quasi hypnotique. Le violon de Dominique Queffélec, tantôt délicat tantôt tranchant, complète ce tableau sonore. Ses cordes tissent un voile de mystère et d’émotion brute, renforçant l’intensité dramatique des morceaux.

Musicalement, ‘Maison Neuve’ défie les étiquettes. Loin des formats traditionnels, le trio livre une œuvre où l’harmonie naît de la dissonance, où chaque silence semble habité, porteur de sens. L’auditeur est invité à lâcher prise, à se laisser imprégner par une musique qui ne cherche pas à plaire mais à toucher l’âme. Certaines influences, telles que celles de Catherine Ribeiro ou Brigitte Fontaine, peuvent être perçues, mais Dream Baby trace son propre chemin, dans une démarche résolument personnelle.

Les morceaux de l’album naviguent entre contemplation et intensité, transportant l’auditeur dans une sorte de voyage intérieur, où les frontières entre réalité et imaginaire s’effacent. Ce qui frappe surtout, c’est la manière dont les mots, les sons, les silences et les textures musicales s’entrelacent pour offrir une expérience immersive. Les textes de Béatrice Temple ne cherchent pas à expliquer, mais à provoquer une réaction viscérale, touchant à des émotions que l’on n’ose parfois pas affronter. Certains mots semblent se suspendre, flottant dans l’air comme des volutes insaisissables, prêts à envahir l’espace émotionnel de l’auditeur.

Avec ce disque, le trio propose une œuvre exigeante, qui demande de la part de l’auditeur une écoute active et sensible. En retour, elle offre une forme rare de catharsis, une plongée dans les recoins les plus profonds de l’être humain. Une fois le disque terminé, il reste en nous une étrange résonance, comme un chuchotement qui persiste, rappelant que la musique de Dream Baby est avant tout une affaire de vibrations, d’ondes invisibles qui transcendent le réel.

Finalement, cet album est une œuvre bouleversante, tant dans sa construction que dans l’émotion qu’elle procure, une invitation à se laisser submerger par la vie dans toute sa complexité et sa beauté chaotique.

En programmation prochainement dans Solénoïde – Grande Boucle 53, émission des musiques imaginogènes diffusée sur 26 radios/45 antennes FM-DAB !

A propos de CHARLES-ERIC CHARRIER

Charles-Eric Charrier est un musicien dont l’œuvre échappe aux conventions et aux étiquettes. Depuis ses débuts avec Dreta Lorelie, il a sans cesse exploré de nouveaux territoires sonores, façonnant un univers musical riche et complexe, tout en restant toujours en quête d’innovation.

Sa pratique ne se limite pas à un instrument, même si la basse joue un rôle crucial dans ses créations. Plutôt qu’une démonstration technique, Charrier privilégie l’équilibre entre improvisation et écriture, toujours avec une recherche de simplicité raffinée. 

Les noms comme Man ou Oldman sont des chapitres de son parcours en constante évolution. Aujourd’hui, il signe ses œuvres sous son propre nom, marquant une nouvelle étape dans son voyage créatif qui ne semble pas prêt de se conclure. Ses collaborations variées, avec des artistes tels que Sidi Touré et Rob Mazurek, attestent de son ouverture et de son désir perpétuel de réinventer son art.

Photo de l'artiste Charles-Eric Charrier

Solénothèque

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