Dans le paysage musical actuel, rares sont les œuvres qui parviennent à fusionner de manière aussi poignante tradition et modernité. « Threnody for the Khoisan », le premier album de Garth Erasmus sous son propre nom, est l’une de ces rares perles.
Cet artiste et musicien basé au Cap, en Afrique du Sud, a passé près de quarante ans à explorer et à étendre son répertoire artistique et musical, incorporant des influences indigènes Khoisan dans ses créations.
Depuis ses débuts en 1985, Garth Erasmus a consacré sa carrière à la redécouverte et à la réinvention de son héritage culturel. Ancien membre du groupe activiste Khoi Khonnexion, Erasmus a toujours cherché à marier les formes d’art indigènes avec des expressions contemporaines. Cet album ne fait pas exception. En utilisant des instruments auto-construits et des enregistrements sur le terrain, Erasmus propose une musique qui est à la fois une déclaration politique et une exploration spirituelle.
Le titre de l’album, « Threnody for the Khoisan », évoque un hommage mélancolique à ce peuple autochtone d’Afrique australe. Chaque morceau de l’album est une méditation sonore qui mélange des éléments traditionnels avec des techniques modernes, créant une texture musicale riche et immersive. Des morceaux comme « Amaseh Amen » et « Mcinci Song » puisent directement dans les traditions Khoisan, utilisant des arcs buccaux et des flûtes traditionnelles pour évoquer la nature spirituelle de leur culture.
Musicalement, Erasmus ne se contente pas de répéter le passé ; il le réinvente. En combinant des instruments traditionnels avec des appareils électroniques, des échantillons et des enregistrements sur le terrain, il crée une palette sonore unique. La présence de morceaux comme « The Ascension of Milford Graves », dédié au légendaire batteur afro-américain, démontre l’ampleur de ses inspirations et son habileté à intégrer diverses influences dans une harmonie cohérente.
L’album est enrichi par les contributions de plusieurs artistes invités. Andrea Dicò apporte des percussions vibrantes dans « Lockdown Duet« , tandis que Lucelle Campbell et Okkie Lewies ajoutent des dimensions vocales profondes dans « Lucelle: Sister of the Soil Chief » et « Morenga » respectivement. Chaque collaboration enrichit la texture sonore de l’album, faisant de « Threnody for the Khoisan » une œuvre véritablement collaborative.
L’album est un voyage émotionnel qui pousse l’auditeur à réfléchir sur l’héritage culturel des Khoisan et leur lutte pour la reconnaissance. La musique d’Erasmus est un appel à la mémoire collective, un pont entre le passé et le présent, entre l’indigène et le moderne.
« Threnody for the Khoisan » est un album qui mérite une écoute attentive et contemplative. Garth Erasmus, avec sa quête incessante de formes d’expression alternatives et sa dévotion à son héritage culturel, offre une œuvre d’art qui est à la fois profondément personnelle et universellement pertinente. C’est une ode à la résilience et à la beauté des traditions Khoisan, magnifiquement réimaginée pour le monde moderne.
En programmation dans Solénoïde Blender 64, émission des musiques imaginogènes diffusée sur 30 radios/50 antennes FM-DAB !