Plonger dans Les Battements d’Ailes, le dernier album de Jeanne Morisseau, c’est pénétrer un univers où la poésie et la musique s’entrelacent avec une élégance rare. Cet opus de 16 titres, fruit de quatre années de collaboration avec le guitariste et arrangeur Christophe Jouanno, est une invitation à explorer les frontières floues entre les émotions et les éléments.
Jeanne Morisseau, avec sa voix à la fois douce et puissante, nous entraîne dans une odyssée sensorielle. Chacune de ses chansons évoque des paysages intérieurs, des fragments d’âme où se mêlent la mélancolie, l’espoir et une transcendance lumineuse. Sa musique, empreinte de folk raffiné et de touches oniriques, se fait le reflet d’un voyage universel et profondément humain.
Dès les premières notes de L’eau qui coule en moi, le ton est donné : l’album se déploie comme un grand tableau impressionniste, où les mélodies s’élèvent avec une pureté rare. Les guitares de Christophe Jouanno, à la fois délicates et incisives, tissent des lignes mélodiques qui captivent immédiatement l’auditeur. Quelques morceaux, comme La Tiédeur du Temps ou Quand la Cigogne Mère Un Ange à Nos Côtés, illustrent particulièrement cette alchimie subtile entre une écriture poétique et des arrangements musicaux d’une finesse exceptionnelle.
Loin de s’enfermer dans un genre unique, Les Battements d’Ailes propose un savant équilibre entre ballades introspectives, morceaux parlés proches du poème mis en musique, et envolées pop-rock vibrantes. Ce mélange audacieux confère à l’album une dimension intemporelle, presque mystique, où les influences oscillent entre les résonances liturgiques d’une musique baroque et l’énergie printanière d’un folk moderne.
Les textes de Jeanne Morisseau, écrits avec une précision cristalline, semblent vouloir capturer l’éphémère tout en embrassant l’éternel. Ils évoquent des thèmes universels tels que l’amour, la mort, la lumière et l’ombre, mais toujours avec une approche résolument personnelle. Les paroles, portées par une voix à la fois sobre et ensorcelante, résonnent comme des confidences : elles murmurent, elles vibrent, elles s’élèvent.
L’univers de Jeanne est peuplé d’anges, figures bienveillantes ou rebelles qui traversent ses chansons comme des échos de notre propre humanité. Ce sont des gardiens de passage, qui nous rappellent notre capacité à ressentir intensément et à embrasser la vie dans toutes ses contradictions.
L’album doit également beaucoup à la contribution d’artistes tels que Philippe Thiphaine (Héliogabale), dont les guitares additionnelles apportent une texture riche et vibrante à plusieurs morceaux, ou encore Jean-Charles Versari, qui a su capter l’essence de la voix de Jeanne lors des enregistrements. Ces collaborations renforcent l’impression d’une œuvre collective, où chaque note, chaque mot, chaque silence est pensé pour toucher au cœur.
Avec Les Battements d’Ailes, Jeanne Morisseau signe un album qui s’impose comme une œuvre majeure de la musique française contemporaine. Ce disque intense, mélancolique et lumineux à la fois, trouve un équilibre subtil entre tradition et modernité, entre classicisme et innovation. Il explore des territoires rarement visités, où la chanson française côtoie le rêve, et où les battements d’ailes deviennent un symbole d’évasion et de réconfort.
Pour celles et ceux qui s’aventureront dans cet univers, une chose est certaine : vous en ressortirez transformés, comme après un long voyage au cœur de la beauté. Les Battements d’Ailes n’est pas seulement un album, c’est une promesse de renouveau, une expérience à vivre intensément.
Prochainement en programmation dans Solénoïde, émission des musiques imaginogènes diffusée sur 30 radios/50 antennes FM-DAB !
Originaire du Val-d’Oise et née en 1964, Jeanne Morisseau incarne une artiste aux multiples facettes, entre musique, poésie et littérature. Dès son jeune âge, elle tisse un lien intime avec les mots, qu’elle métamorphose en chansons ou en vers inspirés par les grands poètes comme Rimbaud, Baudelaire et Hugo. Son talent ne se limite pas à la musique : avec son premier récit À l’est (Éditions Unicité, 2015) et le recueil de poésie Eaux d’avant, elle explore un univers littéraire épuré où l’écriture seule porte la profondeur de ses émotions. Sa plume, à la fois moderne et classique, navigue entre quête spirituelle et lumière apaisée. Collaborant avec des figures comme Véronique Sauger ou Laurent de Wilde, elle sait aussi mêler ses créations à des projets artistiques collectifs. Avec une sensibilité rare et une esthétique intemporelle, Jeanne Morisseau se distingue comme une voix singulière de la scène artistique contemporaine.
2 Responses
Bonjour Olivier
Merci infiniment pour cette chronique du disque « les battements d’aile », cela nous touche lorsque le but est atteint, le propos saisi, et l’envie de partager une émotion forte avec l’autre, bravo maestro !
Christophe
Bonsoir Christophe,
Un immense merci pour vos mots qui résonnent comme un écho à l’émotion que cet album parvient si bien à transmettre. « Les Battements d’Ailes » est une œuvre qui touche à l’essentiel, et si notre chronique a su en saisir la profondeur, alors le pari est pleinement réussi. Bravo à vous, tisseur d’harmonies, pour cette alchimie musicale si inspirante. Hâte de partager ces battements dans notre émission Solénoïde !
Olivier