Dans le paysage sonore actuel, où la production musicale tend souvent à privilégier le numérique et l’instantané, Mike Walti, alias Organi, fait figure d’exception en explorant les profondeurs de l’analogique avec une passion palpable. Son nouvel album, Babylonia, marque une nouvelle étape dans son parcours artistique. Succédant à l’envoûtant Parlez-vous Français ? (2020), cette nouvelle création transporte l’auditeur dans un univers où les époques et les styles se croisent, s’entrelacent et se transforment en une mosaïque sonore fascinante.
Le cœur créatif de Walti, les studios Wyldwood, situés à Oakland, Californie, est bien plus qu’un simple espace de production. C’est un sanctuaire où les machines d’époque, telle que la légendaire console MCI 416B, insufflent chaleur et authenticité à chaque note. Wyldwood agit comme une passerelle vers des dimensions musicales intemporelles, capturant l’essence des années 60 et 70 tout en les réinterprétant avec une touche contemporaine.
C’est dans ce temple sonore que Babylonia a vu le jour. Enregistré et mixé par Walti lui-même, l’album révèle un soin méticuleux pour chaque détail, chaque texture. Il s’agit d’un véritable voyage temporel, une promenade sensorielle qui oscille entre nostalgie et innovation.
L’album s’ouvre sur une déclaration d’intention claire : Organi explose dans un tourbillon cinématographique où la basse vibre, les cordes se tendent et le boom bap résonne majestueusement. Ce morceau inaugural donne le ton d’un album qui célèbre le plaisir de l’évasion et du rêve.
La chanson-titre, Babylonia, est une pépite onirique. Avec la voix envoûtante de Nana Lacrima, elle mêle des influences funk oniriques à des textures évoquant des paysages lointains et éthérés. D’autres moments forts incluent La Rockette, où l’élégance française flirte avec des rythmes hypnotiques, et Padre Cicero, un hommage vibrant au Brésil des années 70 qui transforme une composition de Tim Maia en une fresque sonore sensuelle.
L’album ne manque pas de surprises, comme la reprise de Old Man Willow d’Elephant Memory, rebaptisée ici Old Man Waltz. Ce morceau illustre parfaitement l’approche décontractée mais profondément réfléchie de Walti, qui fusionne dream pop, expérimentation et clins d’œil à ses influences telles que Gainsbourg, Stereolab et Broadcast.
L’album brille aussi par la diversité des contributions vocales. Alix Koliha ajoute une touche de sophistication française à des paysages sonores teintés de couleurs brésiliennes. De son côté, Yea-Ming Chen offre une profondeur mélancolique sur le magnifique Pictures of Your Face, un morceau qui évoque autant Nico que Trish Keenan, tout en restant ancré dans la singularité de l’univers d’Organi.
En somme, Babylonia est une œuvre immersive, un voyage où chaque piste est une étape vers une destination imprévisible mais toujours captivante. Mike Walti réussit l’exploit de concilier la chaleur de l’analogique avec des sonorités modernes et audacieuses, créant un univers musical qui transcende les époques et les genres. Pour les amateurs de musique qui apprécient autant le charme du passé que l’exploration de nouvelles frontières sonores, Babylonia est une œuvre incontournable. Que vous soyez nostalgique des vibrations analogiques ou simplement curieux de découvrir une œuvre audacieuse, Babylonia vous promet une immersion inoubliable.
Prochainement en programmation dans Solénoïde, émission des musiques imaginogènes diffusée sur 30 radios/50 antennes FM-DAB !
Organi, alias Mike Walti, est un musicien et producteur visionnaire basé à Oakland, en Californie. Héritier de la culture vibrante de la Bay Area depuis trois générations, il dirige depuis plus de dix ans les emblématiques studios Wyldwood. Là, il façonne des univers sonores uniques pour des artistes tels que Why?, Latyrx, Del, Dan The Automator, et Big Freedia. Passionné par l’authenticité des équipements analogiques, cet ami de longue date d’Odd Nosdam mêle tradition et innovation pour créer une musique empreinte de chaleur et de profondeur intemporelles.