ROMAN ROFALSKI

Fractal

Oscillations – 2024

Chronique

Fractal, l’opus magistral de Roman Rofalski, sorti le 19 janvier 2024 sur le label Oscillations, nous plonge dans un labyrinthe sonore où les frontières entre le classique et l’électronique s’estompent, laissant place à une expérience musicale profondément immersive.

Pochette de l'album "Fractal" par ROMAN ROFALSKI, des formes arrondies marrons

À l’aide d’un piano à queue Schimmel K280 comme point de départ, Rofalski se lance dans une aventure sonore complexe. Dans Fractal, le piano classique, avec ses harmonies riches et ses résonances profondes, est métamorphosé en une entité sombre et électronique. Rofalski décrit ce processus comme une exploration intense, où les enregistrements en studio de courtes durées sont édités et reconstruits à l’aide de plug-ins, boucles et réenregistrements.

L’album s’ouvre sur « Perpetuum », une pièce où le piano, porté par la batterie saisissante de Felix Shlarmann, erre entre des grondements dramatiques et des percussions nerveuses, créant une tension sans résolution. Cette introduction captivante annonce le ton de l’album, immersif et en constante mouvance.

« Bass Resonance », dérivé de notes uniques de piano préparées, juxtapose un groove profond avec des harmoniques déformées, créant une expérience sonore étonnamment ancrée. « Slow Fox », quant à lui, offre une atmosphère croustillante et glaciale où le piano, bien que familier, est transformé en une entité étrange, évoquant une danse nouvelle et macabre.

« Fractal Waves » plonge encore plus loin dans des territoires sombres et complexes de composition. Les échantillons de piano se mêlent à une brume numérique, créant des motifs qui émergent et disparaissent, instillant un sentiment de malaise persistant. Le piano, oscillant au bord de l’effondrement, offre une expérience musicale imprévisible.

« Calum » déroute les attentes en bouleversant la relation entre le piano et l’électronique, créant des sonorités électroniques organiques à travers le jeu habile du piano. « Opsi » élève l’auditeur vers une méditation céleste, fusionnant les harmoniques du piano avec une dimension cosmique infinie.

Enfin, « Bumper », le dernier morceau de l’album, fusionne l’analogique et le numérique dans une élégie effervescente. Les signaux se croisent et se brouillent, transportant l’auditeur dans une nouvelle dimension harmonique. Inspiré par des artistes tels qu’Andy Stott, Craig Taborn et Tim Hecker, Rofalski puise également dans l’héritage de la musique expérimentale néoclassique et free jazz. L’album, naviguant entre l’anti-tradition et l’innovation, trouve sa place aux côtés de pionniers tels que Schlippenbach et Cecil Taylor, tout en rendant hommage à Klaus Schulze et Karlheinz Stockhausen.

Roman Rofalski, en tant que pianiste et compositeur, continue de repousser les limites de sa propre créativité. « Fractal » est le fruit d’une expérimentation audacieuse et d’une exploration sonore sans compromis. Avec ce dernier opus, Rofalski prouve une fois de plus qu’il est un innovateur musical incontournable, naviguant avec assurance entre les mondes du classique, du jazz et de l’électronique.

 

En programmation dans Solénoïde Blender 64, émission des musiques imaginogènes diffusée sur 30 radios/50 antennes FM-DAB !

Solénothèque

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *