Dans son dernier album, Disappearing, le producteur danois Amphior, alias Mathias Hammerstrøm, façonne une œuvre où la frontière entre le réel et l’imperceptible s’efface lentement, laissant place à une expérience sonore d’une rare profondeur. Après Another Presence en 2022, qui explorait les limbes de l’existence et les résonances spirituelles, Disappearing poursuit cette quête introspective, mais avec une approche plus épurée et organique, presque comme une réminiscence d’un souvenir qui s’efface avant même d’avoir été pleinement saisi.
Dès les premières notes, l’auditeur est plongé dans un univers où le piano, résonnant comme une voix intérieure, dialogue avec des textures électroniques subtiles et des nappes synthétiques brumeuses. Mathias Hammerstrøm, qui a toujours eu un attrait pour le grain chaleureux des magnétophones et des amplificateurs vintage, enveloppe ici ses compositions d’un voile nostalgique, où chaque son semble porter la mémoire d’un instant fugace.
Les onze morceaux de l’album dessinent un parcours évanescent, oscillant entre mélancolie douce et éclaircies lumineuses. À travers ces paysages sonores mouvants, l’artiste capte l’essence de l’absence, de l’éloignement et du désir de retrouver une époque plus paisible. ‘Créer Disappearing a été comme renouer avec mon moi d’enfant, celui qui jouait du piano pour s’évader du monde’, confie-t-il. Cette connexion intime avec son passé se traduit par des mélodies délicatement suspendues, qui semblent flotter dans un espace indéfini, quelque part entre la mémoire et l’oubli.
L’album se distingue par son atmosphère enveloppante, où chaque note agit comme une bribe de rêve insaisissable. Les sons analogiques crépitent doucement, rappelant la texture du temps qui passe, tandis que des voix éthérées se fondent dans le décor, comme des spectres errant à la lisière du conscient et de l’inconscient. Par moments, un synthétiseur surgit, illuminant l’obscurité d’une lueur fragile, avant de s’éteindre à nouveau dans un murmure électronique.
Si Disappearing peut être perçu comme un voyage introspectif, il est avant tout une invitation à ressentir pleinement le poids du silence et de l’espace vide. Il nous plonge dans un état méditatif où l’on se surprend à errer, guidé uniquement par les échos d’une musique qui semble se dissoudre à mesure qu’elle se dévoile. Avec cet album, Amphior atteint une nouvelle forme de minimalisme émotionnel, où chaque sonorité est une empreinte éphémère sur le voile du temps.
Plus qu’un simple disque d’ambient, Disappearing est une expérience sensorielle qui évoque la beauté fragile de ce qui nous échappe. Une œuvre à écouter les yeux fermés, en se laissant porter par la douce illusion de disparaître, ne serait-ce qu’un instant.
Prochainement en programmation dans Solénoïde, émission des musiques imaginogènes diffusée sur 30 radios/50 antennes FM-DAB !
Amphior est le pseudonyme du producteur danois Mathias Hammerstrøm, créateur de paysages sonores immersifs mêlant mélancolie et résonances éthérées. Attiré par la chaleur des magnétophones et des textures lo-fi, il façonne une musique introspective où se croisent instruments atmosphériques, voix énigmatiques et nappes envoûtantes. Après des débuts en 2014 dans son Future Garage, il s’oriente vers l’ambient, explorant des univers méditatifs et contemplatifs. Son troisième album, Another Presence (2022), illustre cette quête d’émotion pure avec un mastering signé Simon Scott de Slowdive.