Prolongement d’un CD-EP paru en 2021 chez taâlem, Illuminescence est une collection de huit morceaux soigneusement ciselés entre 2007 et 2024. BArAkA[H] y déploie tout son savoir-faire, tissant un univers sonore riche en textures où guitares acoustiques et électriques dialoguent avec des enregistrements de terrain et les résonances subtiles du gusli, une cithare traditionnelle. Le tout est sublimé par un mastering signé Aidan Baker (Nadja) et un graphisme conçu par Hitoshi Kojo.

Dès les premières notes de KÊTÚ-H, l’auditeur est happé dans une spirale hypnotique, où chaque accord semble ouvrir une brèche dans la perception du réel. Loin de se cantonner à un seul registre, Illuminescence oscille entre nappes aériennes et drones profonds, empruntant tour à tour à la cold wave, au drone ambient et à l’expérimentation sonore. Des titres comme The Pain That Never Goes Away ou DÁKRYON vibrent d’une intensité émotionnelle rare, évoquant une nostalgie diffuse, presque spectrale. À l’inverse, YOLLALIA et IN BRALVA AUGINS adoptent une approche plus contemplative, où chaque note semble flotter en suspension, entre deux mondes.

Loin d’être figée, la musique de Illuminescence évolue subtilement, adoptant une dynamique où la circularité sonore et l’érosion harmonique s’entrelacent. Les compositions, bien que d’apparence minimaliste, s’enrichissent de détails insaisissables, portées par une quête quasi spirituelle. BArAkA[H] lui-même confie que ces morceaux ne sont pas joués à la perfection, mais qu’ils traduisent un sentiment profond, une aspiration vers quelque chose d’indicible, caché dans l’air, dans les sons, dans l’infime.

L’histoire de Illuminescence est aussi celle d’une maturation. Initialement constitué de fragments musicaux mis de côté au fil des années, l’album prend sa forme définitive après une réécriture minutieuse entre 2018 et 2019. Ce processus confère aux morceaux une dimension quasi organique, comme si chaque note était le témoin silencieux d’un dialogue intime entre le passé et le présent. Si le projet s’inscrit dans la lignée des travaux de Troum, il s’en démarque par une approche plus épurée et introspective. On retrouve cette obsession pour la dissolution des formes, ce jeu d’équilibre entre lumière et obscurité, qui fait de Illuminescence une véritable évocation sonore de l’impermanence.

Avec Illuminescence, BArAkA[H] signe une œuvre en apesanteur, où chaque note semble être une porte entrouverte vers des mondes intérieurs. Un disque qui s’écoute les yeux fermés, dans la lumière diffuse des rêves, quelque part entre le tangible et l’indicible.

Prochainemnt en programmation dans Solénoïde, émission des musiques imaginogènes diffusée sur 30 radios/50 antennes FM-DAB !