Conçu dans un dialogue incessant entre manipulations électroniques nocturnes et captations de paysages sonores urbains et ruraux, cet album s’impose comme une errance fascinante à travers des territoires inconnus.

L’origine de Nuit Dépliée se trouve dans une invitation : celle du commissaire d’exposition Jérôme Carrié, qui a convié les deux musiciens à habiller l’exposition Fluo du CIAM La Fabrique, à Toulouse. Une commande qui s’est rapidement transformée en une aventure sensorielle, tissant des liens entre musique et espace, entre abstraction et présence. À travers onze morceaux évocateurs, le duo façonne un univers oscillant entre minimalisme hypnotique et onirisme électroacoustique.

L’écoute s’apparente à une plongée dans un cinéma imaginaire, où les ambiances se succèdent comme des séquences mouvantes, empreintes d’une étrangeté captivante. On y trouve des textures aériennes et des nappes sonores enveloppantes (Sens de l’aube), des pulsations brumeuses qui semblent flotter entre rêve et réalité (Fixation des terres mouvantes), ainsi que des instants de tension quasi abstraite (Étincellement des nerfs). Loin d’un simple exercice d’expérimentation, chaque pièce raconte une histoire fragmentée, laissant à l’auditeur la liberté d’en reconstituer le fil à sa manière.

La dimension cinématographique de l’album n’est pas anodine. Didier Delrieu s’était déjà distingué avec Vers quelques attracteurs étranges et Récit des cascades, deux œuvres qui faisaient la part belle aux atmosphères évocatrices et à la poésie sonore. Avec Nuit Dépliée, la démarche s’affine et s’intensifie, portée par une fusion organique entre synthétiseurs analogiques, field recordings et guitares vaporeuses. Nicolas Sentenac, à ses côtés, insuffle une dynamique toute particulière, mêlant drone contemplatif et distorsions subtiles, dans un équilibre délicat entre l’épure et la densité.

L’album, édité en une série limitée de 100 exemplaires vinyles, s’annonce déjà comme un incontournable pour les amateurs d’électronique aventureuse. À mi-chemin entre l’ambient sombre, le drone et l’expérimentation cinématique, Nuit Dépliée est une œuvre qui défie les frontières et invite à la dérive mentale. Une traversée sensorielle où chaque note semble suspendue aux lèvres d’un univers en perpétuel mouvement. À écouter les yeux fermés, pour mieux en saisir la profondeur infinie.

Prochainement en programmation dans Solénoïde – Grande Boucle 57, émission des musiques imaginogènes diffusée sur 30 radios/50 antennes FM-DAB !