Dans un monde où le bruit et l’agitation masquent souvent l’essence même de l’existence, All Living Things, le quatrième album de Park Jiha, s’élève comme une respiration profonde, un instant suspendu où la musique devient matière à contemplation. À travers neuf morceaux tissés avec minutie, l’artiste coréenne nous invite à écouter autrement, à ressentir la vibration du temps et des cycles naturels qui nous entourent.
Dès les premières notes de First Buds, l’auditeur est transporté dans un paysage sonore où chaque élément trouve sa place avec une délicatesse organique. Loin de toute précipitation, All Living Things se déploie comme un cheminement intérieur, où chaque composition raconte une étape de la vie : de l’éveil (Bloom), à la croissance (Growth Ring), jusqu’à l’éphémère danse des feuilles emportées par le vent (Blown Leaves). Chaque titre est une pièce du puzzle, un fragment du grand cycle de l’existence. Loin d’une simple expérimentation instrumentale, Park Jiha bâtit un dialogue entre tradition et modernité. Elle manie avec virtuosité des instruments coréens tels que le piri, le yanggeum et le saenghwang, en leur offrant une dimension inédite grâce à des textures électroniques subtilement intégrées. Le résultat est un équilibre fascinant entre l’épure et l’expérimentation, où l’ancien dialogue avec le contemporain pour créer un univers sonore inclassable.
Avec Grounding, Park Jiha installe une atmosphère hypnotique, presque méditative. Cette pièce, construite autour de cycles mélodiques minimalistes, nous rappelle l’importance de l’ancrage, du retour aux fondamentaux. C’est une invitation à ralentir, à prêter attention aux détails infimes qui tissent notre quotidien. Comme le murmure du vent dans les arbres ou le ressac d’une vague sur le rivage, la musique de Jiha se déploie en mouvements délicats, laissant à l’auditeur la liberté d’y projeter ses propres émotions. Le morceau final, Water Moon, se distingue par son intensité progressive. Il marque l’achèvement du voyage, un point culminant qui, loin d’être une fin, s’inscrit dans un cycle perpétuel. Dans cette pièce, Jiha condense toute l’essence de son album : une exploration entre incertitude et espoir, une acceptation de la fugacité des choses et de la beauté qu’elle renferme.
All Living Things est une expérience introspective. Park Jiha nous rappelle à travers cet album combien la musique peut être un miroir du vivant, une manière de percevoir autrement notre place dans le monde. Son approche, qui puise dans le minimalisme, l’ambient et les musiques traditionnelles, s’éloigne des conventions pour offrir une écoute immersive, presque cinématographique. Comme un souffle suspendu entre le passé et le présent, entre la nature et l’artifice, cet album nous invite à nous reconnecter à l’essentiel. Et si, dans ce monde en perpétuel mouvement, la vraie richesse résidait dans ces instants d’écoute, où chaque note devient un battement de vie ?
En programmation dans Solénoïde – Blender session 67, émission des musiques imaginogènes diffusée sur 30 radios/50 antennes FM-DAB !
Compositrice et multi-instrumentiste sud-coréenne, Park Jiha réinvente le dialogue entre musique traditionnelle et explorations sonores contemporaines. Formée aux instruments coréens ancestraux tels que le piri (hautbois en bambou), le yanggeum (dulcimer à marteaux) et le saenghwang (orgue à bouche), elle insuffle à ces sonorités séculaires une approche résolument minimaliste et expérimentale.
Après ses débuts en solo avec Communion en 2018, elle affine sa signature musicale à travers Philos (2019) et The Gleam (2022), créant des paysages sonores d’une rare intensité. Son travail l’amène également à collaborer avec d’autres artistes, notamment le poète Roy Claire Potter pour Late Junction de la BBC Radio 3 en 2022. Plus récemment, elle a prêté son talent à la composition de la bande originale du film Foe de Garth Davis, tissant un univers sonore entre mystère et mélancolie. En 2025, Park Jiha dévoile All Living Things, un album qui célèbre les êtres vivants et le lien indéfectible entre l’humain et la nature. Entre méditation et émerveillement, sa musique invite à une écoute attentive du monde qui nous entoure.
