Depuis plus de deux décennies, Stina Stjern s’affirme comme l’une des figures les plus audacieuses de la scène musicale norvégienne. Connue pour sa créativité insatiable, elle a tracé un chemin qui refuse les conventions et embrasse l’exploration sonore. Avec son nouvel album, Vivid Peace Restored, elle atteint un sommet artistique en s’immergeant dans la texture tactile et nostalgique des cassettes audio, livrant une œuvre à la fois expérimentale et profondément intime.
Vivid Peace Restored est une expérience immersive dans un univers sonore façonné exclusivement à partir de cassettes audio. Ces bandes magnétiques, autrefois omniprésentes, servent ici de fondement à une musique qui se déploie à la croisée de l’expérimentation et de la sensibilité. Stina Stjern y superpose des sons trouvés, des enregistrements de lieux éloignés, des murmures électroniques et sa propre voix, abolissant toute hiérarchie entre ces éléments.
À travers une technique méticuleuse de boucles, de découpages et de réarrangements, elle compose des paysages sonores riches et envoûtants. Ces morceaux, qui évoquent autant les expérimentations sur bande des années 60 que les explorations DIY de la période post-punk, se présentent comme des miniatures musicales : douze titres, aussi concis que raffinés, conçus pour captiver sans jamais s’éterniser.
Pour Stjern, le choix des cassettes va bien au-delà d’une simple esthétique rétro. Cette approche artisanale confère à la musique une chaleur tangible, presque comme si chaque son avait été écrit à la main. Elle décrit Vivid Peace Restored comme une forme de méditation, un refuge sonore dans un monde souvent brutal et sans répit. Les sifflements de bande, les textures mélodiques subtiles et les vagues de bruit forment une tapisserie qui invite à la contemplation et à l’introspection.
Le processus même de création semble incarner une forme de guérison : chaque manipulation des bandes, chaque enregistrement fragile, évoque une résistance face à l’immédiateté technologique, un retour à un art plus physique et enraciné.
Les titres de l’album, tels que Rewind Beethoven, Polyphonic Creatures ou encore L’archétype de la femme sauvage, reflètent cette quête de complexité et de profondeur. Chaque écoute révèle de nouvelles couches, des détails cachés qui échappent à une attention superficielle. En cela, Vivid Peace Restored agit comme un labyrinthe sonore : il encourage les auditeurs à s’y perdre pour mieux se retrouver.
Publié sous le label SusannaSonata, dirigé par la musicienne norvégienne Susanna Wallumrød, cet album s’inscrit dans une tradition de productions indépendantes audacieuses. En collaboration avec Susanna, qui a également enregistré l’album dans son Sonata Studio à Oslo, Stjern affirme son engagement pour une musique qui privilégie l’expression personnelle à la standardisation commerciale.
Disponible en vinyle et en version numérique, et peut-être, si la chance sourit aux collectionneurs, en édition cassette, Vivid Peace Restored s’adresse à ceux qui cherchent plus qu’un simple album : une œuvre d’art sonore qui défie le temps et les attentes.
En renouant avec l’imperfection et l’authenticité des cassettes, Stina Stjern invite à ralentir, à écouter et à ressentir ; une invitation précieuse dans le tumulte du monde moderne.
Prochainement en programmation dans Solénoïde, émission des musiques imaginogènes diffusée sur 30 radios/50 antennes FM-DAB !
Depuis ses débuts en 2009 avec le single The Horizon, Stina Stjern s’est distinguée par une approche artistique aussi singulière qu’audacieuse. Les 100 premiers exemplaires de ce 7″, enveloppés dans des pochettes tricotées à la main par des artisanes de sa ville natale de Namsos, reflètent déjà l’attention méticuleuse et l’authenticité qui définissent son travail.
Installée un temps à Brooklyn, Stina a écrit son premier album, Days Like Waves (2011), une introspection musicale sur le sentiment d’appartenance et d’identité, salué par la critique pour son habileté à réinventer la pop. En 2018, elle a enrichi son répertoire avec Kap Herschell, un album hybride mêlant lo-fi, shoegaze et pop psychédélique, où le passé familial et l’exploration sonore s’entrelacent pour raconter l’histoire de son grand-père, un chasseur isolé au Groenland.
Au fil des ans, Stina a également multiplié les projets collaboratifs et multidisciplinaires : réinterprétation des œuvres de Motorpsycho pour orchestre, créations pour danse contemporaine, et initiatives inclusives comme Dreambird, mettant en lumière son engagement envers les liens humains. Avec une musique qui transcende les genres et un regard attentif sur les relations humaines, Stina Stjern reste une artiste profondément originale, oscillant entre innovation sonore et ancrage émotionnel.