Après le murmure spectral de Drifted Vol. 1, Wahn revient avec un second opus qui s’enfonce plus profondément dans les ténèbres, tout en laissant filtrer d’éphémères éclats d’espoir. Publié cette fois sous la bannière du label bulgare Mahorka, Drifted Vol. 2 se révèle être une odyssée sonore plus dense, plus viscérale, où la mélancolie s’étire comme une ombre infinie, ponctuée de réminiscences lumineuses.
Dès les premières notes de Southern Cross, l’auditeur est aspiré dans un univers où le silence et le bruit s’entrelacent dans une valse hypnotique. Le paysage sonore, plus cinématographique que jamais, se nourrit d’atmosphères granuleuses et d’effluves électroniques, crépitant comme des souvenirs dispersés par le vent. Lost Factory prolonge cette errance, résonnant d’un écho industriel lointain, tandis que Bucolica offre un contraste saisissant, avec sa douceur fragile, évoquant un instant suspendu entre nostalgie et apaisement fugace.
Chaque titre semble être une pièce d’un puzzle sensoriel où le désespoir côtoie l’émerveillement. Blacksun impose sa pesanteur vibrante, les sub-basses grondant comme une tempête souterraine, avant que Part Time Life, en un souffle bref mais poignant, ne vienne alléger cet abîme émotionnel. Le parcours continue avec Bad Apple, où des nappes sombres enveloppent l’auditeur dans une spirale hypnotique, suivies de Walking Alone, un hymne à la solitude, où chaque note semble se dissoudre dans l’infini. Puis vient After Dark, pièce maîtresse de l’album, où les textures denses se mêlent à des mélodies spectrales, dessinant une toile sonore qui oscille entre menace et sérénité. Maybe Tomorrow distille un espoir fragile, laissant entrevoir une issue possible, tandis que No More Poison clôt ce voyage introspectif sur une note cathartique, un dernier souffle qui résonne longtemps après l’extinction du son.
Là où Drifted Vol. 1 capturait un sentiment de flottement entre rêve et réalité, Drifted Vol. 2 s’ancre plus profondément dans la matière. L’expérience est aussi physique qu’émotionnelle : chaque vibration se ressent jusque dans les entrailles, chaque silence devient un gouffre à explorer. Wahn sculpte le son avec une minutie d’orfèvre, jouant sur les contrastes, mêlant chaos et apaisement dans un équilibre toujours précaire. Ce second chapitre ne se contente pas de prolonger le voyage entamé ; il l’approfondit, le rend plus intense, plus viscéral. Drifted Vol. 2 est une œuvre d’une puissance immersive rare, un voyage où la lumière vacille, où l’obscurité n’est jamais totale, et où chaque note résonne comme un battement de cœur dans l’immensité du vide. Une expérience à vivre pleinement, les yeux fermés et l’âme grande ouverte.
Prochainement en programmation dans Solénoïde, émission des musiques imaginogènes diffusée sur 30 radios/50 antennes FM-DAB !