Cette semaine, Solénoïde déplie un territoire intérieur. Un hexagone imaginaire, traversé non par des autoroutes sonores, mais par des sentiers de traverse — sinueux, sensibles, sensoriels. Une France des limbes et de l’instinct, de l’expérimentation douce et des rituels lents. Ici, on n’écoute pas pour consommer. On écoute pour se perdre. Pour flotter.

Dès l’ouverture, Cleo T. nous entraîne dans une clairière de sons vibrants, à la croisée du chant et du souffle, du poème et du vent. Sa voix semble émise depuis la sève même des arbres. Plus loin, Wahn sculpte les ruines mentales d’un monde post-industriel, avant que Etienne de la Sayette & The Wild Horses Orchestra ne réenchante le chaos à coups de fanfare artisanale et de transe organique.

La boucle continue, aérienne, avec Philippe Deschamps, qui transforme les nuages en nappes sonores, les souvenirs en échos atmosphériques. Puis le sol se rapproche : Saxicola Rubi souffle dans des instruments comme on veille une flamme. Jazz buissonnier, balbutiant, libre.

Et pour refermer la boucle, deux disques-miroirs : Kristen Noguès, harpiste-chamane d’une Bretagne onirique, et Da Capo, funambules du désespoir lumineux. Deux musiques que tout oppose — la lande claire et la cathédrale noire — mais qui, ensemble, dessinent un arc : celui du sensible, du vivant, du hors-champ.

Grande Boucle 59, c’est une heure de vertige calme. Un hommage aux artistes qui prennent le temps de ne pas plaire tout de suite. À ceux qui creusent les marges pour en faire des paysages. À ceux qui écoutent les silences comme on lirait entre les lignes d’un vieux rêve.

Laissez tomber la carte. Suivez les éclats.
Bienvenue dans la Grande Boucle Radiovisuelle n°59.
Bonne traversée.